600 000 euros disparus sans bruit dans les rues de Sarcelles : deux infirmières libérales se retrouvent sur le banc des accusées pour un délit d’escroquerie à grande échelle contre la Sécurité sociale. Selon les enquêteurs, elles ont conçu un montage redoutablement efficace : actes médicaux fictifs, ordonnances falsifiées, signatures inventées, chaque étape vise à soutirer des sommes extravagantes à l’assurance maladie. Les preuves s’accumulent, aucune ambiguïté sur la réalité du préjudice.
Leur jugement attendu le mois de janvier prochain
Le groupe de lutte contre la fraude a arrêté ces deux professionnelles de santé, âgées de 42 et 55 ans. Elles sont aujourd’hui en garde à vue et c’est devant le tribunal correctionnel de Pontoise qu’elles devront répondre de leurs actes lors de l’audience annoncée pour janvier.
Tout a démarré par des soupçons de plusieurs familles de patients qui ont identifié des anomalies criantes dans la facturation générée via Izyfact. Les contrôleurs de la Sécu ont réagi après avoir constaté des visites médicales déclarées chez des malades… parfois hospitalisés à ce moment-là. Devant l’incohérence, certains patients ont déposé plainte courant novembre. Dès lors, l’enquête n’a plus quitté ses cibles.
Les accusées travaillaient entre 20 et 40 heures par jour

Des faits qui ont eu lieu entre 2015 et 2017
Le Groupe d’Intervention Régional du Val-d’Oise (GIR 95), chargé de tracer l’argent, a rapidement gelé 340 000 euros en avoirs issus de la fraude et 50 000 euros placés sur des contrats d’assurance vie, avant même la tenue du procès. De juin 2015 à août 2017, la fraude a continué de se perfectionner, à l’abri derrière les murs des cabinets. Depuis, l’affaire a été confiée à la cellule spécialisée de lutte contre la fraude et l’économie parallèle, intégrée à la sûreté départementale.
Les méthodes utilisées pour tromper la Sécu
Pour concrétiser leur projet, les deux infirmières ont mis sur pied un système bien rodé. Elles sont accusées d’avoir fabriqué des ordonnances factices et présenté à la Sécu des soins jamais réalisés. Un numéro ADELI obtenu, elles élargissaient leur emprise dans les hôpitaux, accédant à des bases de prescriptions confidentielles. Grâce à cette brèche, elles tiraient profit de toutes les informations possibles pour alimenter des factures gonflées à bloc.
Les premiers avertissements sont venus de patients ayant constaté qu’aucun soin programmé n’avait finalement été assuré. La Sécu, alertée, a lancé des vérifications poussées, permettant aux policiers de remonter la piste de cette supercherie sophistiquée.
Les conséquences de cette escroquerie sur le système de santé et les patients
Bien au-delà des chiffres, l’affaire laisse des traces profondes. La Sécurité sociale doit rembourser à tort des sommes qui ne bénéficieront jamais aux véritables patients, au détriment de ceux qui ont réellement besoin de soins. Le système de santé, déjà sous tension, doit absorber cette ponction injustifiée. Les victimes se comptent aussi parmi les proches et les malades, qui voient leur confiance s’effriter.
Le scandale révèle la fragilité des filets de surveillance actuels. Deux infirmières ont eu le champ libre pendant des années : de quoi questionner la solidité des contrôles censés déjouer ce type de pratiques.
Les patients, eux, voient leur lien avec les soignants entaché. D’ordinaire, la relation repose sur la confiance. Ici, la tentation de l’argent facile a tout balayé, laissant derrière elle amertume et suspicion généralisée.
Pour les personnes les plus touchées, la situation est dramatique : certains patients atteints de cancers n’ont pas été pris en charge comme prévu. Leur santé, déjà fragile, s’est détériorée à cause d’agissements menés dans l’ombre.
Cette affaire explose comme un signal d’alerte : le préjudice ne se compte pas qu’en euros. Il se mesure en confiance brisée, en espoirs déçus, en soins volés à ceux qui en avaient cruellement besoin. Le verdict du tribunal approche, mais le doute, lui, est déjà installé durablement.

