Placer son argent : alternatives au Livret A quand il est plein

La règle est implacable : dépasser les 22 950 euros sur un Livret A, c’est se heurter à un plafond, et l’avantage fiscal s’arrête net. L’argent déposé au-delà ne rapporte plus un centime d’intérêts exonérés. Résultat : une partie de votre épargne reste à l’arrêt, accessible à tout moment, mais incapable de générer le moindre gain supplémentaire.

Pourtant, le choix ne manque pas. Le marché met à disposition de multiples solutions pour ceux qui souhaitent faire plus que laisser dormir leur capital. Certaines se distinguent par une fiscalité intéressante ou par des garanties solides, d’autres réclament un œil attentif et une tolérance au risque plus élevée.

Le Livret A atteint son plafond : quelles conséquences pour votre épargne ?

Remplir son Livret A jusqu’à la limite prévue, 22 950 euros par personne, revient à immobiliser une part de son épargne. Dès que ce seuil est atteint, les versements supplémentaires restent inactifs : ils n’engendrent plus d’intérêts défiscalisés et ne profitent plus du taux attrayant du livret.

Depuis février 2023, le taux du Livret A s’élève à 3 %. C’est plus que dans bon nombre d’autres pays européens, mais ce rendement ne rivalise plus avec la hausse des prix. L’inflation grignote, mois après mois, le pouvoir d’achat de ces économies. Les intérêts, eux, conservent leur exonération fiscale, mais uniquement sur la partie du capital qui respecte le plafond.

Que devient alors l’excédent ? Bien souvent, il reste sur un compte courant, exposé à l’érosion monétaire sans la moindre valorisation. Les efforts d’épargne s’en trouvent neutralisés, et l’idée même d’un Livret A protecteur s’efface. Pour préserver sa capacité à financer des projets ou à faire face à l’imprévu, il faut donc repenser sa stratégie et s’orienter vers d’autres supports.

Le choix d’un placement alternatif se construit en fonction des besoins, du profil de chacun et de la volonté d’accepter, ou non, une part de risque. Laisser son argent s’effriter face à l’inflation n’a rien d’une fatalité.

Panorama des solutions classiques pour continuer à épargner en toute sécurité

Pour ceux qui souhaitent conserver une épargne liquide et sécurisée au-delà du Livret A, plusieurs solutions réglementées existent. Voici les principales alternatives qui permettent de placer son argent sans prise de risque excessive :

  • LDDS : Le Livret de Développement Durable et Solidaire constitue un prolongement naturel du Livret A. Son plafond atteint 12 000 euros, et le taux appliqué reste identique. Les intérêts ne sont pas imposés, et l’ouverture est accessible à tous les résidents fiscaux en France.
  • LEP : Le Livret d’Épargne Populaire cible les foyers aux revenus plus modestes. Son taux, revalorisé à 5 % au 1er février 2024, protège mieux contre l’inflation. Le plafond, fixé à 7 700 euros, s’accompagne d’une condition de ressources à l’entrée.
  • PEL : Outil privilégié pour ceux qui envisagent un achat immobilier, le Plan d’Épargne Logement bloque l’épargne pour une durée minimale de quatre ans. Son taux, établi lors de l’ouverture, reste fixe. Passé douze ans, les intérêts sont soumis à la flat tax, mais le capital demeure protégé.
  • Comptes à terme : Ces placements, à durée déterminée, garantissent le capital et affichent d’emblée le taux de rémunération. L’inconvénient ? L’argent est immobilisé jusqu’à l’échéance fixée au contrat.

L’assurance vie en euros offre aussi une issue sécurisée, avec la garantie du capital investi sur le fonds euros. Ce contrat d’assurance reste attractif, notamment grâce à une fiscalité allégée après huit ans de détention. Les rendements varient selon les compagnies, sans égaler les plus belles années, mais ils dépassent encore ceux des livrets classiques.

À noter : le fonds de garantie des dépôts (FGDR) protège jusqu’à 100 000 euros par établissement bancaire. Multiplier les supports et répartir ses liquidités contribue à sécuriser le patrimoine, tout en évitant de se heurter à de nouveaux plafonds.

Faut-il oser des placements plus dynamiques pour booster son capital ?

Certains épargnants, lassés de la rentabilité en berne des livrets réglementés, choisissent de s’orienter vers des solutions plus offensives. À la clé, un potentiel de rendement supérieur, mais aussi une exposition réelle au risque.

Voici quelques pistes pour dynamiser son épargne :

  • PEA (Plan d’Épargne en Actions) : Ce dispositif permet d’investir en actions européennes ou via des ETF. Après cinq ans, les gains bénéficient d’un cadre fiscal privilégié. Sur le long terme, la performance moyenne surpasse celle des dépôts garantis, mais il faut accepter la possibilité de pertes en capital.
  • SCPI : Les Sociétés Civiles de Placement Immobilier sont appréciées pour leurs revenus réguliers issus de biens immobiliers professionnels. Le risque est mutualisé à l’échelle de la société, mais le capital n’est pas garanti et il peut être plus difficile de récupérer rapidement son investissement.
  • PER : Le Plan d’Épargne Retraite vise la constitution d’un capital pour l’avenir. L’épargne peut être orientée vers des unités de compte, exposant l’investisseur aux marchés financiers, mais aussi à des perspectives de croissance plus marquées.

Le crowdlending permet, quant à lui, de prêter à des entreprises via des plateformes en ligne, en espérant des taux attrayants. Toutefois, le risque de défaut n’est pas négligeable ; chaque projet doit être scruté avec attention. Pour les profils les plus expérimentés, le private equity, investissement dans des sociétés non cotées, peut offrir des opportunités de valorisation, mais la prise de risque s’en trouve renforcée.

Recherche de sécurité, volonté de rendement, arbitrage entre stabilité et croissance : à chacun de choisir le bon dosage, bien loin des automatismes du Livret A.

Jeune homme étudiant des brochures d

Faire le bon choix selon ses objectifs et son profil d’épargnant

Face à la diversité des alternatives au Livret A quand il est plein, la réflexion s’impose. Voulez-vous faire fructifier votre capital sur plusieurs années ? Visez-vous une meilleure rémunération, ou une sécurité maximale pour financer des projets à moyen terme ? La réponse oriente naturellement la stratégie à adopter.

Les plus prudents misent sur les fonds en euros des contrats d’assurance vie, qui garantissent le capital et offrent une disponibilité appréciable. Les plans d’épargne comme le PEL ou le LDDS suivent la même logique, même si leur rendement reste plafonné. Pour ceux qui veulent garder leur argent disponible, le compte à terme peut servir de compromis, bien que sa rentabilité demeure modeste.

Le goût du risque fait la différence. Certains optent pour des supports en unités de compte dans une assurance vie, un PEA, ou encore des parts de SCPI, acceptant ainsi une volatilité accrue en échange d’un rendement supérieur.

Horizon Placement adapté Niveau de risque
Court terme Compte à terme, CSL, assurance vie fonds euros Faible
Moyen terme Assurance vie multisupport, PEL Modéré
Long terme PEA, PER, SCPI Élevé à modéré

Le bon équilibre se trouve souvent dans la diversification et l’arbitrage. L’âge, la situation patrimoniale, les projets de vie : tout cela pèse dans la balance. Placer son argent, c’est façonner une trajectoire qui vous ressemble, loin des recettes toutes faites. Et si le Livret A a fait son œuvre, il reste désormais à écrire la suite, une décision à la fois.